Les cinémas de notre enfance

Publié le par Pazuzu

 Le Gaumont place Clichy [Résolution de l'écran]

Un bon film c'est très bien, mais seule la projection en salle donne toute sa saveur à la "séance de cinéma". La queue, les pop-corn, le sourire de l'ouvreuse qui déchire le coin des billets, la tête des autres à la sortie, sont des épices qui font la différence.

J'ai passé mon enfance à Paris, place Clichy, presque à l'ombre du Gaumont Palace qui a cessé de fonctionner vers la fin des années 60. (C'était le cinéma des "grandes occasions" ou des films "exceptionnels").

A cette époque, une séance de cinéma, surtout dans les grandes salles comme le Gaumont Palace, le Grand Rex, et d'autre, côté "Rituel" c'était mieux qu'une grand-messe pontificale

Pour le prix d'un billet (accessible à tous), vous aviez (je ne garantis pas la chronologie) :

Après avoir été, orienté, piloté, par des grooms à l'uniforme "Gaumont" marron ourlé or, et après avoir été placé par une ouvreuse, elle aussi en uniforme.

1/ Une ouverture musicale aux grandes orgues électriques.

2 et 3/ Un documentaire. Et/ ou un dessin animé.

4/ Un film de court ou moyen métrage, qui à lui seul pouvait être un chef d'œuvre.

5/ Les actualités cinématographiques.

6/ Un mini entracte,

 avec la projection des "Réclames" par Jean Mineur ... Balzac... 001, et parfois pour les salles les plus modestes un écran peint d'annonces publicitaires éclairées à la lumière noire (fluo)

7/Les attractions : ( en fait un mini spectacle de music-hall ) : Des chanteurs, des équilibristes, des prestidigitateurs, des animaux savants. (Plus ou moins en quantité et qualité suivant le standing de la salle). J'ai le souvenir, un peu triste,  dans de petites salles, dans leur "phase terminale", d'artistes miteux sifflés, terminant quand même tant bien que mal leur numéro, et saluant sous les quolibets du public.

Au Gaumont et au Rex les attractions étaient toujours de niveau international, mais, remplacées parfois, en tout ou partie, par un concert d'orgue électrique avec jeux d'eaux illuminés.

8/ Un grand entracte, où l'on allait se désaltérer et fumer une cigarette (dans les grandes salles à plusieurs étages de balcons, il y avait plusieurs bars).

9/ Et enfin, enfin  le grand film, qui lui-même s'il était très long était entrecoupé d'un bref entracte (peut-être un changement de bobine ?).

Dans les années 50, entre le quartier de la place Clichy et celui des Batignolles (je ne parle même pas de Pigalle) il y avait  au moins une quarantaine de salles.

Parfois les salles de cinéma  étaient d'anciens théâtres reconvertis, sans autre transformation que l'ajout d'un écran et de haut-parleurs ; certaines n'étaient pas terribles, par exemple  rue Brochant un ancien théâtre reconverti en cinéma, vendait (pas cher, il est vrai, et accessible avec l'argent de poche  des gamins que nous étions) des places "à visibilité réduite", derrière un pilier (torticolis assurés à la sortie). Dans une autre salle plus grande et plus luxueuse, rue des Dames, les plus grands, eux, allaient avec leurs petites amies dans les "baignoires" ou les "loges", mais pour eux la visibilité, avait-elle une importance ?

 

 

Après les inondations des Pays –Bas en février 1953, la JOC. et la JEC organisérent au Gaumont un récital au  profit des sinistrés, le chanteur principal était un jeune chanteur pas encore connu nommé Jacques Brel. Pour le public (en majorité des jeunes) ce fut une révélation.

 

Le titulaire des orgues du Gaumont Palace était Tommy Desserre, qui était aussi titulaire des orgues de la Basilique du Sacré-Cœur

 

Le Gaumont-Palace a été rasé en 1972 pour laisser la place à des hôtels, des parkings, une cafétéria (mauvaise) et un magasin de bricolage.  Le rideau est tombé…

 

 

 

 

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Publié dans Années 60

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